En 2018 est né le projet « Hercule », lancé par le gouvernement et le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, ayant pour but de réformer le géant de l’électricité. Ce projet consiste en la réforme d’EDF sous la forme d’une scission en trois sous-entités, couplée à la renégociation avec la Commission Européenne d’une meilleure rémunération de l’électricité nucléaire.
Pourquoi cette réforme chez le géant EDF ?
Le groupe EDF constitue l’un des plus grands groupes énergétiques européens. Par ailleurs, il s’agit du premier opérateur nucléaire du monde. En effet, le groupe possède actuellement 56 réacteurs nucléaires en activité. Cependant, le groupe doit également faire face à un certain nombre de problèmes, d’ordre à la fois structurel et conjoncturel. La difficulté pointée le plus souvent est celle du niveau d’endettement de l’entreprise. La dette d’EDF atteint actuellement un montant de 42 milliards d’euros ; et selon Bruno Lemaire, ministre de l’économie, ce niveau n’est « pas soutenable ». De plus, EDF doit faire face désormais aux contraintes européennes, celles liée à la transition énergétique, et à la nécessité d’effectuer des investissements financiers dans un parc nucléaire vieillissant.
En quoi consiste-t-elle ?
Dans le cadre de ce projet de réforme, EDF serait donc divisé en trois parties. La première, qui se nommerait « EDF bleu », serait la société mère, entièrement publique, et consacrée aux activités nucléaires. On trouverait également « EDF vert », au capital ouvert au privé, et concentré sur la vente d’électricité, les énergies renouvelables et le distributeur d’énergie ENEDIS. Cette entreprise serait alors une filiale. Enfin, la deuxième filiale « EDF Azur » complèterait ce trio, en étant axée sur les barrages hydroélectriques, et disposerait d’un statut public particulier.
Ce projet implique également une tentative de réforme et de rediscussion de l’Arenh (Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique) auprès de la Commission Européenne. Le mécanisme de l’Arenh, mis en place en 2011, impose à EDF de vendre une partie de son électricité issue du nucléaire à un prix fixé au préalable. A l’heure actuelle, ce prix est de 42 euros par MWh. D’après EDF, ce montant n’est pas suffisamment élevé et ne permet pas à l’entreprise de couvrir ses coûts. Ainsi, le but de cette négociation avec Bruxelles serait de porter ce montant à 49 euros le MWh.
Pour en savoir davantage sur le mécanisme Arenh, cliquez ici.
Quels problèmes soulève-t-elle ?
Ce projet de réforme doit faire face à de nombreuses difficultés.
En premier lieu, le débat s’est enlisé entre le gouvernement et la Commission Européenne en ce qui concerne le degré d’indépendance de ces entités. Bruxelles demande à ce que soient érigées des « murailles de Chine » entre les différents groupes. Nonobstant, d’après le gouvernement, des liens étroits devraient persister.Par ailleurs, les négociations sont également au point mort entre le gouvernement et les syndicats. Ces derniers se sont en effet fermement opposés au projet de réforme, comme c’est le cas notamment pour Force Ouvrière (FO). Cette division a été perçue par les syndicats comme un premier pas vers la privatisation.
Finalement, selon les dernières informations dont nous disposons, Bruno Lemaire a décidé d’abandonner le projet Hercule face à ces difficultés. Il parle désormais depuis le mois de mai du projet « Grand EDF », qui préserverait a priori l’intégrité d’EDF. Cependant, ce projet reste flou à l’heure actuelle. Le gouvernement aurait apparemment durci sa position face à la Commission Européenne. Les syndicats semblent toutefois rester fermement opposés au projet de réorganisation, quel que soit son nom. Des modifications sont également à venir dans les prochaines semaines concernant le projet de renégociation de l’Arenh. Pour en savoir plus sur ce projet, cliquez ici.