Analyse mise à jour au 10 septembre 2021.
Le contexte économique globale
Depuis la fin de l’année 2020 et le début de la reprise économique à travers le monde, le prix des matières premières, des denrées alimentaires et de l’énergie n’a cessé d’augmenter. Malgré l’inquiétude montante sur l’évolution de la pandémie avec la prolifération du variant Delta, le niveau de demande pour les différentes commodités retrouve progressivement son niveau pré-Covid, mais la production mondiale peine à suivre. Après la chute de prix historique ayant suivi l’apparition de la pandémie début 2020, la tendance s’est donc complètement inversée sur l’année 2021.
Des niveaux de prix records
L’augmentation quasi continue des prix de l’énergie s’est nettement accélérée sur les mois de juillet et d’août, menant à des nouveaux records de prix sur presque toutes les énergies.
Seul le pétrole a vu son cours se stabiliser et même diminuer grâce à l’augmentation de production décidée par l’OPEP + au mois de juillet, qui a permis de faire passer le prix du Brent sous les 70 $/baril. Cette baisse n’a pas eu de répercussion marquante sur le prix des autres énergies.
Le charbon, le gaz naturel et l’électricité ont retrouvé leurs plus hauts historiques de la crise financière de 2008. AU 10 septembre, le charbon a atteint les 150 $/tonne, le gaz naturel pour livraison en 2022 a dépassé les 38 €/MWh et l’électricité pour 2022 a dépassé les 100 €/MWh. Cette hausse, entamée depuis début 2021, a déjà eu un impact sur les consommateurs, avec la hausse des TRV gaz de près de 20 % et des TRV électricité de 3 % depuis janvier.
Comment expliquer une telle hausse des prix ?
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour comprendre les évolutions récentes du marché. L’équilibre entre offre et demande a été fortement perturbé des deux niveaux.
Hausse de la demande énergétique :
La reprise économique mondiale a fait grimper le niveau de demande en énergie, en Europe mais surtout en Asie, où le prix du GNL et du charbon a explosé. Parallèlement, les vagues de froid successives puis les périodes de canicule et de sécheresse ont entrainé une forte demande énergétique pour le chauffage et la climatisation. Les pointes de consommations ont été très importantes sur le réseau électrique et la période de remplissage des stocks de gaz européen a été fortement perturbée.
Problèmes d’approvisionnement :
La baisse d’approvisionnement gazier en Europe est en grande partie à l’origine des mouvements de prix haussiers. L’approvisionnement en provenance de Russie a été fortement perturbé suite à différentes maintenances sur les installations gazières et courant de l’été aux violent incendie au champ gazier d’Urengoy. De plus, le pays a, une fois de plus, souscrit de manière très limitée aux enchères de capacité via l’Ukraine. L’approvisionnement Norvégien est lui aussi limité, suite à de nombreuses opérations de maintenance. La livraison de GNL en provenance du Qatar est également restée faible depuis janvier en raison des prix élevés en Asie qui absorbe une grande part de la production.
Fin août, les stocks de gaz Européens sont toujours en situation de sous-remplissage (25% en dessous de leur niveau de 2020 à la même période), ce qui s’ajoute à l’inquiétude du marché.
Hausse du prix du CO2 :
Suite aux annonces de l’UE fin 2020 sur la hausse des objectifs de réduction d’émission des gaz à effets de serre à 55% d’ici 2030, le prix de la tonne de CO2 n’a cessé d’augmenter. L’arrivée d’acteurs spéculatifs sur le marché début 2021 (notamment des Hedge Funds américains) a encore amplifié la tendance haussière. Résultat, le prix de la tonne de CO2 a atteint les 58 €/tonne courant août, contre une moyenne autour des 25 € sur l’année 2020.
La hausse du prix du gaz et du CO2 impacte le prix de l’électricité :
Dernièrement, le prix du gaz a été le principal driver du prix de l’électricité. Avec la fermeture progressive des centrales à charbon et des centrales nucléaires, l’Europe est de plus en plus dépendante du gaz pour la production d’électricité, notamment durant les périodes de forte consommation. Le prix de l’électricité à court terme dépend de la dernière unité de production appelée sur le réseau, selon le principe du « Merit Order ». Le coût marginal de production des centrales à gaz étant parmi les plus élevés, c’est celui-ci qui drive bien souvent le prix spot de l’électricité.
Or, le gaz étant émetteur de CO2, les centrales à gaz sont soumis au système des quotas carbone, et doivent donc intégrer à leurs coûts de production le prix de la tonne de CO2.
La hausse du prix du gaz et du CO2 est donc en grande partie à l’origine de l’augmentation du marché de l’électricité à court terme, qui sert lui-même de base pour établir le prix de la livraison d’électricité pour les années à venir (prix calendaires).
Quelles sont les perspectives d’évolution ?
Les perspectives d’évolution des marchés de l’énergie sur les prochaines semaines sont plutôt pessimistes. En effet, les espoirs du géant Russe Gazprom de voir son projet de gazoduc Nordstream 2 terminé et mis en service d’ici l’hiver 2021 sont tombés à l’eau suite à la décision de la cour allemande de Dusseldorf le 25 août sur la nécessité de dissocier les activités de production et de distribution entre les sociétés participantes au projet. Les annonces du groupe Russe sur une mise en service anticipée du gazoduc avaient provoqué une chute brutale des prix, rapidement compensées par les doutes du marché et finalement la décision de la cour Allemande. L’approvisionnement en gaz risque donc de continuer à faire défaut ces prochains temps, et l’arrivée de l’hiver pose des questions sur la disponibilité future du parc nucléaire, toujours en situation de maintenance. Parallèlement, le niveau de demande énergétique continue à augmenter et d’après les prévisions de l’AIE devrait atteindre son pic d’ici 2023.
Confiez votre stratégie d’achat d’énergies à EnergiesDev !
Fort de ses 10 ans d’expérience sur le marché des énergies, l’équipe de consultants d’EnergiesDev vous accompagne dans la définition et la mise en place de votre stratégie d’achat. Bénéficiez d’un conseil et d’un suivi expert afin de saisir les opportunités de prix et limiter l’impact de la hausse sur votre budget.
Pour suivre l’évolution des prix de l’électricité et du gaz naturel, consultez nos articles dédiés : prix de l’électricité, prix du gaz naturel.
